[alerte] - JM Bérard - 23 mars 2018

Table des matières

[alerte] - JM Bérard - 23 mars 2018

Table des matières

Pourquoi encore une lettre [alerte] écolo ?

Au fil des jours

Rien n’est simple

Morts sur la route

On peut vivre sans abeilles

Pourquoi les oiseaux disparaissent

Fin de la lettre du 23 mars 2018

 

 

 

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Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990

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Beauté

Un professeur donne un cours de chant à deux élèves. La musique est magnifique et m’émeut. Témoin indirect du cours, je dis au professeur, en présence des élèves « Vous créez la beauté, vos élèves ont bien de la chance. » Réponse du professeur : « Non, je fais en sorte que puisse s’exprimer la beauté qui est en elles. » Au fond, l’enseignement devrait toujours être cela : faire en sorte que se réalisent les potentialités de chacun.

Pourquoi encore une lettre [alerte] écolo ?

Je ne parle pas de la situation internationale, que j’aborde rarement. En France les revendications sociales montent en puissance. La persévérance méticuleuse avec laquelle le Président balaye les formes de solidarité sociale avec lesquelles nous vivions depuis la Libération me laisse tout à fait stupéfait. L’élection de Macron a sans doute remis à plat un système de partis sclérosé, mais elle met à bas la solidarité. Il suffit d’une bonne préparation dans le vocabulaire : remplacer solidarité par assistanat, du coup tout le monde est d’accord pour dire qu’il n’en faut pas. Donner un sens systématiquement positif à la réforme, que les Français souhaitent ardemment. Sans dire dans quel sens va la réforme. Et pourtant voici encore une lettre écolo, au lieu de traiter ces questions importantes.

Dans les stages de formation de la Croix Rouge la première chose que l’on nous dit est de préserver notre vie, sinon les victimes n’auront personne pour leur porter secours. Et pourtant je constate la détermination avec laquelle l’humanité se détruit, en croyant mieux jouir de la vie. Nous nous nourrissons mal et devenons obèses, nous fumons du tabac, buvons trop d’alcool, conduisons trop vite pour mieux nous tuer sur la route. Nous empoisonnons les plantes, les animaux, les sols et l’eau avec des produits dangereux, nous détruisons la variété des plantes et des animaux, nous rendons irrespirable l’air que nous respirons, consommons des produits dont tout laisse penser qu’ils sont dangereux, nous laissons monter le niveau des mers et fondre la banquise, et j’en oublie. Nous fabriquons des armes sans cesse plus cruelles, pour tuer sans cesse plus d’ennemis. (L’ennemi manque de clairvoyance : il croit que l’ennemi c’est nous, alors que c’est lui. P. Desproges.)

Pourquoi un tel refus de comportements élémentaires de préservation ? Pourquoi une telle volonté de recherche de la mort ?

Au fil des jours

Rien n’est simple

Et pourtant j’aimerais bien que tout soit simple, toc un problème, toc une solution. C’est facile dans un parti, une organisation ou une église : on suit la ligne, pour ne pas affaiblir le collectif.

* Reçu de AM : À propos de la SNCF, un mien ami, chaud partisan du service public, inquiet du réchauffement et ancien membre de l’AREFER (autorité de régulation des transports ferroviaires) me dit que sur certains parcours où il y a quinze voyageurs mieux vaut un autocar qu’une micheline diésel du point de vue énergétique.

* Gratuité des transports en commun à Paris : c’est la réflexion en forme de provocation que lance le maire de Paris. On est loin d’une décision. Dans beaucoup de villes où cela se fait, la circulation des véhicules a semble-t-il beaucoup diminué. Mais d’une part il est évident qu’une telle décision ne peut concerner seulement les habitants de Paris, puisque les habitants de la couronne utilisent essentiellement les transports en commun pour venir travailler à Paris. Projectile lancé vers la présidente de la région Ile de France, qui ne conduira pas à une décision rapide. D’autre part, le métro parisien est déjà saturé… Ce pavé dans la mare a le mérite de faire réfléchir.

Morts sur la route

Extrait d’une lettre de la ligue contre la violence routière mars 2018 :

Février 2017 = 205 tués, -2,2 % par rapport à février 2016

Février 2018 = 217 tués, +5,8 % par rapport à février 2017

Je suis de plus en plus exaspéré par la mauvaise foi des « ligues de défense des automobilistes » et autres associations de beauf et partisans des massacres routiers. Les morts sur la route n’ont aucune importance, on veut pouvoir rouler. Qui sont les 217 personnes qui, en février, ne sont pas rentrées le soir chez elles ? Peut-être notre voisin, un ami, peut-être quelqu’un que nous ne connaissons pas… Pas grave, c’est le sacrifice au Moloch pour pouvoir rouler. C’est bien connu, les conducteurs n’y sont pour rien.

Halte à la limitation de vitesse à 80 km/h. C’est une mesure antiruralité. Cela veut-il dire qu’il faut défendre le droit des ruraux à se tuer entre eux sur la route pour gagner deux à trois minutes sur un trajet moyen en régions ? Je ne sais pas, moi : qui saura dire clairement que faire de ces trois minutes ? Ce n’est même pas assez pour aller aux obsèques du voisin mort sur la route.

La pollution n’a aucune importance. Halte au fait de rendre piétonnes les voies sur berge à Paris et de tenter de réduire la circulation des véhicules à moteur à Paris sous prétexte de sauver les gens d’une mort prématurée due à la pollution (Mediapart, 26 septembre 2016 : 2 500 personnes par an meurent prématurément à Paris du fait de la pollution de l’air selon le rapport de Santé publique France. L’agence nationale de santé publique (« Santé publique France ») est un établissement public français à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministre chargé de la santé. Je sais que la pollution tue (combien, par exemple, de cancers chez des personnes qui ne fument pas ?) mais, au pif, 2 500 me semble fort. Avez-vous d’autres sources ?

Rendre piétonnes les voies sur berges est une mesure contre les banlieusards. Argument faux, les banlieusards viennent essentiellement travailler en utilisant les transports en commun.

Halte aux nouvelles modalités des PV de stationnement. Jusqu’à maintenant ils étaient rarement payés, le nouveau système va améliorer le taux de recouvrement. Le Président a déclaré qu’il faut que les peines soient effectives. Allons, cela vise les peines concernant les bandits et les musulmans radicalisés, pas les PV de stationnement qui ne concernent que les honnêtes gens. Cela dit, j’aimerais connaitre les réactions des commerçants si des voitures ventouse stationnent en permanence devant chez eux. Et puis, tout simplement, il y a beaucoup plus de voitures que de places dans les rues. Quelle solution ?

Et puis, argument toujours efficace, toutes ces mesures sont faites pour piquer du fric aux automobilistes vache à lait. On peut trouver que les impôts sont excessifs, mal répartis, tout ce que l’on veut, mais ils sont obligatoires. Mais je ne vois pas du tout ce qui pousse les automobilistes à commettre volontairement des infractions en sachant que cela va leur couter des sous ou des points de permis. Ils s’infligent eux-mêmes une punition et se plaignent. Je les remercie de cette contribution volontaire au budget de la sécurité routière.

On peut vivre sans abeilles

Einstein disait que sans abeilles l’humanité disparaitrait, car les plantes ne pourraient plus se reproduire faute de pollinisateurs. Les abeilles disparaissent à grande allure : réchauffement climatique, produits dont on arrose les sols ? Mais Einstein avait tort. En Chine, où il a beaucoup de monde, ce sont des femmes qui sont payées (j’espère) pour jouer les abeilles en transportant le pollen à la main. Comme quoi même Einstein peut se tromper. Il n’avait pas tenu compte de l’éveil de la Chine.

Pourquoi les oiseaux disparaissent

C’est le titre de Une du journal Le Monde le 21 mars 2018. Citation : Le CNRS et le muséum d’histoire naturelle, [par des méthodes indépendantes l’une de l’autre], pointent la disparition massive des oiseaux dans nos campagnes. En moyenne leurs populations se sont réduites d’un tiers en quinze ans précisent les deux institutions, qui évoquent une catastrophe écologique. Attribué par les chercheurs à l’intensification des pratiques agricoles le déclin s’est accéléré depuis 2008 et plus encore ces deux dernières années. Les scientifiques soulignent aussi le recours aux néonicotinoïdes qui détruisent les insectes et raréfient ainsi l’alimentation des oiseaux. On assiste à un effondrement de la biodiversité sauvage affirme Romain Julliard, chercheur en biologie de la conservation.

On voit bien que le journal Le Monde est devenu un sous-marin des écolos. En quoi les oiseaux sont-ils utiles pour fabriquer et vendre des objets connectés, source de l’avenir de l’industrie ? Plus généralement, en quoi l’existence même de variétés de plantes et d’animaux dans le milieu naturel est-elle utile à qui que ce soit ? On est capable de cultiver des tomates hors sol, d’élever du saumon en Norvège à grand renfort de produits chimiques, de faire fonctionner des fermes de 3 000 vaches et d’élever des poules à 50 dans une boite à chaussures (d’accord, là j’exagère), alors où est le problème ? En quoi a-t-on besoin de la nature ? Pour le poisson, la solution est déjà bien avancée : on a de telles réticences à limiter les quotas de pêche, on a une telle inventivité pour inventer de nouveaux procédés pour racler la mer qu’on ne pourra bientôt plus trouver du poisson dans les mers. Si l’on n’est pas partisan de la chasse et que l’on n’est pas un cuisinier célèbre qui utilise les plantes des forêts, on n’a pas du tout besoin de la nature pour se nourrir. Remarque : vous jugez sans doute mon ironie excessive ? N’avez-vous pas, comme moi, lu de nombreuses études montrant la perte de la biodiversité et ses dangers pour l’existence de la vie sur Terre ? Non ? Alors nous ne lisons pas les mêmes médias. Au fond, tout est dans le film Walle-E, regardez-le si vous ne l’avez déjà vu. La planète est détruite par la pollution, ne reste que le robot Walle-E chargé de nettoyer. Pendant ce temps-là quelques privilégiés sont partis à bord d’un vaisseau où des générations successives restent en vie. Ils n’ont absolument pas besoin de la nature. C’est un peu le rêve de ceux qui, comme Hawking, pensent que quelques-uns doivent dès maintenant quitter la planète.

Fin de la lettre du 23 mars 2018