{alerte] - JM Bérard - 16 mars 2018

Table des matières

[alerte] - JM Bérard - 16 mars 2018

Au fil des jours

Mort du physicien Stephen Hawking

Nous n’avons qu’une planète mais tant pis

Développons le transport par camions

Désorganisons l’industrie française de l’éolien en mer

Arrêtons de compromettre le nucléaire, énergie d’avenir dont nous ne pouvons nous passer

La Corrèze plutôt que le Zambèze

Fin de la lettre du 16 mars 2018

 

 

 

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Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990

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Au fil des jours

Mort du physicien Stephen Hawking

Le célèbre physicien Stephen Hawking est mort. Célèbre par la qualité de ses travaux sur la structure de l’univers : le big bang, les trous noirs… Même si, dit-on, guère plus d’une centaine de personnes dans le monde comprennent vraiment les résultats qu’il a établis. Grand problème de la science moderne : les résultats établis et les formalisations des théories sont si complexes qu’il est quasiment impossible de les vulgariser pour les rendre accessibles à un public un peu élargi. Comment alors peut avoir lieu le débat démocratique, prévu par la loi, sur les conséquences des découvertes scientifiques ?

Célèbre aussi parce que, lorsqu’on a détecté chez lui la maladie de Charcot, il avait 21 ans et on lui donnait deux ans à vivre. Il est mort à 76 ans et tout le monde a vu à la télé son corps entièrement paralysé et difforme sur son fauteuil roulant ; il actionnait les ordinateurs lui permettant de se déplacer, d’écrire, de parler simplement grâce aux mouvements de l’une de ses joues.

Pour ma part, je suis très prudent devant les personnes qui veulent, en France, favoriser l’euthanasie alors que l’on n’a même pas fait un bilan sérieux de l’actuelle loi Léonetti. Stephen Hawking est-il « mort dans la dignité ? »

Nous n’avons qu’une planète mais tant pis

Nous n'avons qu'une planète, c’est ce que disent toutes les personnes « raisonnables », en attirant l’attention sur le fait que, au rythme des destructions actuelles (climat, pollution, biodiversité…) cette planète deviendra bientôt un séjour impossible pour l’humanité. Cela n’empêchera pas la planète de continuer. Une première solution : limiter toutes les actions par lesquelles l’humanité détruit son cadre de vie. Impossible, voyons, cela nuirait à l’emploi (et aux profits des capitaux installés dans cette situation.) Autre solution : organiser pour quelques-uns un départ vers une exoplanète soigneusement choisie. J’ai déjà rendu compte ici d’une émission de télévision très étayée qui, en explorant les travaux de nombreux laboratoires dans le monde, montre que d’importants capitaux sont investis dans cette perspective. C’était le souhait de Stephen Hawking : trouver rapidement une planète habitable (par quelques-uns.) Cela lui avait valu une réplique sévère d’Hubert Reeves disant que c’est à nous de prendre soin de notre lieu de vie. Je partage totalement l’avis d’Hubert Reeves : nous devons apprendre à vivre sur Terre. Si nous partons ailleurs nous y reproduirons les mêmes attitudes et rien n’aura progressé. Force est de constater que, sans même parler de la politique des USA impulsée par Donald Trump, nombre de décisions actuelles ne prêtent guère à l’optimisme, y compris en France, pourtant toute fière des accords de Paris.

Développons le transport par camions

Une ouverture du transport par voies ferrées au privé a été décidée par les conventions internationales sur la concurrence, le gouvernement Macron s’emploie avec énergie à mettre cette concurrence en œuvre. Tous les articles que j’ai lus s’accordent pour prévoir que le transport du fret par voie ferrée, déjà peu développé, se réduira encore. Vive les accords de Paris, développons les transports routiers. Parmi bien d’autres, les habitants de la vallée de Chamonix, déjà saturés par la pollution des poids lourds, se réjouiront. Bon, on a l’habitude. Lorsqu’il était ministre Macron a développé le transport par autocars au détriment du rail.

Désorganisons l’industrie française de l’éolien en mer

Source : Le Monde, 16 mars 2018. Article signé par un collectif d’industriels impliqués dans l’éolien offshore. Je m’en inspire, car en les lisant j’ai l’impression qu’ils n’ont pas tort. Ai-je été abusé ?

La France dispose de tous les atouts (en particulier beaucoup de côtes) pour développer les techniques de production d’électricité par éoliennes en mer. L’éolien en mer bénéficie d’une croissance exceptionnelle, d’ici à 2030 la puissance installée devrait atteindre 100 GW, presque six fois plus qu’aujourd’hui. Comme toute industrie, celle-ci a besoin d’un peu de visibilité et de prévisibilité. C’est le moment que choisit le gouvernement pour faire ses calculs et pour constater que les appels d’offres passés en 2011 et 2013 étaient trop chers et qu’il faut revoir les conditions de marché. En termes d’emploi, en termes de place de la France dans ce secteur d’avenir, le gouvernement ne pourrait-il prendre des mesures stimulantes plutôt que paralysantes ? Remarque JM B : je comprends bien qu’en filigrane les industriels disent « ne rognez pas trop nos profits. » Cela nécessite des discussions sérieuses, pour un secteur qui me semble devoir être soutenu. Bon je suis sans doute un peu naïf, je suppose que ces industriels sont de taille à se défendre sans la lettre [alerte].

Arrêtons de compromettre le nucléaire, énergie d’avenir

Source Le monde, 16 mars 2018.

Un débat public national doit avoir lieu du 19 mars 2018 au 30 juin sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Les éléments soumis à la discussion par le ministère de la transition écologique et solidaire escamotent la question centrale du nucléaire. (Centrale du nucléaire. Ouaf ouaf.) Le PPE ne présente pas d’objectifs pour le renouvelable au-delà de ceux prévus par l’actuel PPE pour 2023. Sur les cinq scénarios proposés en 2017 par RTE, filiale de EDF, le ministère n’a retenu que les deux qui maintiennent le nucléaire aux niveaux les plus élevés en 2035. Le projet actuel ne prévoit aucun calendrier de fermeture des centrales trop âgées, à l’exception de celle de Fessenheim. Et de toute façon rien n’oblige le gouvernement à accepter des conclusions du débat public. J’ai l’habitude de ne pas critiquer Nicolas Hulot, mais, là, c’est dur ! Je sais bien, il faut être réaliste, des propositions limitant plus le nucléaire auraient été rejetées dans les arbitrages. Et puis au Japon, même après Fukushima, la production d’électricité d’origine nucléaire n’est pas remise en cause. L’idée d’une nécessaire décroissance de la consommation d’énergie reste totalement liée à l’idée de retour à la lampe à huile et au Moyen Âge.

La Corrèze plutôt que le Zambèze

Cette formule à la mode dans les années 1960 soutenait l’idée que l’aide aux pays du tiers-monde était un gaspillage et qu’il valait mieux aider l’économie française. Bon, il y aurait beaucoup à dire sur cette « aide » qui était loin d’être sans contrepartie. En 2018 on n’oserait plus dire cela : on favorise le développement des pays pauvres en signant des contrats avec eux. De ventes d’armes par exemple. La France est très bien placée sur ce secteur inépuisable : il suffit de vendre des armes et des avions de chasse à tous, futurs ennemis, ils en feront bon usage. Je n’ai pas tout à fait compris, dans ce système qui fabrique les armes contraires aux lois de la guerre : gaz, mines antipersonnel, etc... ? J’ai confiance. Les industriels de notre pays ont surement trouvé des solutions pour que ces marchés ne leur échappent pas.

L’un des problèmes de notre société est celui des déchets. Qu’à cela ne tienne : il suffit de les transférer vers les pays pauvres, en les rémunérant un peu. Cela permet aussi à de nombreux enfants de vivre en grappillant sur les tas d’ordures. Heureusement la convention de Bâle y a mis bon ordre. On n’a pas le droit de transférer les déchets dangereux pour la santé ou l’environnement. On peut donc transférer les autres déchets ! Et pourtant un déchet n’est-il pas en soi dangereux pour l’environnement ?

Il y a quelque temps, on devait démanteler le paquebot France, bourré de 900 tonnes d’amiante. Il y a eu quelques problèmes, des associations de défense hostiles au progrès mettant en cause la décision, mais au final, ouf, à moins d’erreur de ma part c’est bien en Inde qu’on a démantelé le paquebot. En France on ne savait pas faire.

Tout cela pour dire que, pour soutenir l’économie indienne, le président Macron visite à grand spectacle le Taj Mahal et vend de nombreux réacteurs nucléaires à l’Inde. Normal. Ils ont besoin d’énergie. Et le nucléaire français a besoin de marchés. Et pourtant en France on commence, même dans les milieux industriels, à se poser des questions. Un contrat de construction de réacteur récemment signé prendra 10 ans de retard. L’électricité d’origine nucléaire est-elle vraiment compétitive si l’on veut tenir compte des aléas de construction et de fonctionnement et si l’on prend en compte le fait que pour l’instant on n’a pas chiffré le cout de démantèlement des réacteurs. Et puis que penser de la sécurité de la population lorsqu’on voit que même un pays technologiquement très avancé comme le Japon est victime de la catastrophe de Fukushima ? Et que penser enfin d’une industrie qui ne peut fonctionner que de manière totalement centralisée, sans recours aux productions locales ou individuelles et souvent centralisée aux mains du privé ? N’aurait-il pas mieux valu vendre massivement à l’Inde des techniques de production d’énergie renouvelables, ce qui aurait du même coup stimulé le développement en France de l’usage de ces énergies ?

On n’en est plus à « La Corrèze ou le Zambèze », on en est à « ''Soutenons'' les pays en voie de développement en leur fourguant tout ce qui nous rapporte. »

Fin de la lettre du 16 mars 2018