[alerte] - JM Bérard - 16 février 2018

Table des matières

[alerte] - JM Bérard 16 février 2018

Morte de la rougeole, en France, au XXIe siècle

L’empire de l’or rouge

Enfants tués

Fin de la lettre du 16 février 2018

 

 

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Ce texte est écrit dans l’orthographe recommandée 1990

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Les livres de Mankell, d'Indridasen. Je crois toujours les avoir tous lus, et sur mes listes j'en trouve sans cesse de nouveaux...

La pratique de Feldenkreis et du Chi Qong. Je sais, le problème de Feldenkreis est qu'il est très difficile d'expliquer ce que c'est, mais cela mériterait d'être davantage connu.

Morte de la rougeole, en France, au XXIe siècle

Une femme de 32 ans est morte de la rougeole fin février 2018. Au XXIe siècle, en France. Elle n’était pas vaccinée, on ne sait pas pourquoi elle ne l’était pas. Laurent Joffrin écrit une excellente analyse dans son excellente lettre quotidienne du 14 février 2018. Voici des extraits, c’est un texte que l’on aurait aimé écrire.

Au CHU de Poitiers, une femme de 32 ans vient de succomber à la rougeole, contaminée par le début d’épidémie qui sévit dans la région (plus de 100 cas détectés depuis le début de l’année). Pour l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, la cause de cette résurgence réside dans l’insuffisance de la couverture vaccinale, qui varie de 70,8 % à 81 % selon les départements, quand l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une couverture de 95 %. Ainsi la campagne menée, sur le Net principalement, par une théorie composite de farceurs avérés, de manipulateurs aux arrière-pensées extrémistes et de candides angoissés pourrait bien porter ses fruits. Dans une proportion inhabituelle en Europe et effrayante aux yeux des autorités de santé, les Français expriment une défiance irrationnelle à l’égard des vaccins obligatoires. Ainsi pourrait revenir le bon temps des épidémies de variole, de polio ou de grippe espagnole… […]

Cette consternante histoire a une origine, la progression de l’irrationnel dans le débat public, à la faveur d’une délégitimation systématique de tout ce qui ressemble à une élite, serait-elle l’élite du savoir et de la médecine, au profit des éructations populistes. À méditer

L’empire de l’or rouge

Un documentaire diffusé sur France 2, en replay sur france.tv jusqu’au 20 février : la tomate industrielle, un business très juteux. Entretien de l’auteur JM Malet avec Virginie Félix, télérama.fr 13 2 2018. Extraits :

Les grandes orientations politiques ont un impact sur notre manière de nous alimenter. Si on trouve du concentré de tomates chinois dans nos assiettes, c’est parce que les dirigeants politiques ont réorganisé l’économie, dérégulé le commerce et aboli certaines barrières douanières. Ce qui nous met aujourd’hui en face de problèmes éthiques, puisque l’on accepte d’importer des produits, à l’image du concentré de tomates chinois, qui ne respectent pas les normes sociales et environnementales européennes. Dans la région du Xinjiang, des enfants ramassent les tomates avec leurs parents. Et ces familles sont payées 1 centime le kilo de tomates. À travers cette enquête, j’ai voulu rencontrer les ­gagnants de ce business, mais aussi donner la parole aux perdants : ces cueilleurs du fin fond de la Chine ; les paysans ruinés au Ghana ; les migrants sénégalais et les Soudanais qui triment comme des esclaves pour la récolte dans le sud de l’Italie…

Je considère cette tomate industrielle comme un cas d’école. Et c’est pour ­cela que j’y ai consacré deux années de ma vie. Contrairement à ce que prétendait Andy Warhol, une boite de soupe à la tomate Campbell n’est pas un objet banal. Derrière cette icône ­colorée, il y a une histoire sociale ­extrêmement violente. C’est cela qui m’intéressait : le travail derrière ces marchandises, toute l’histoire qu’elles racontent. Parce que je crois qu’il est important d’explorer le monde à travers des choses aussi simples, aussi prétendument banales qu’une boite de concentré de tomates.

JM B : La question se généralise à tout un ensemble de productions agricoles. En Amérique latine de grandes compagnies internationales achètent le droit d’exploiter d’immenses surfaces agricoles (achetées à qui ? Je ne sais plus. Aux autorités locales ? Aux ministres corrompus ?), expulsent sans ménagement les paysans qui en vivent. Ces grandes compagnies produisent des aliments destinés à rapporter gros à l’exportation, le maïs par exemple. Aucune préoccupation de nourrir les populations locales, qui ne peuvent plus cultiver de quoi vivre. Il en est de même en Afrique où le cacao, par exemple, est destiné à l’export et pas à la nourriture des populations locales, qui du coup sont obligées d’émigrer vers les villes et se clochardisent.

Enfants tués

L’assassin de « la petite Maelys » a avoué et conduit les enquêteurs vers l’endroit où est enterrée la victime. C’est un drame terrible. Mais j’avoue ne pas comprendre comment fonctionne la compassion médiatique et populaire. En France un enfant meurt tous les deux jours sous les coups de ses parents. On n’en parle que très rarement, un ou deux procès très médiatisés par an. Sur plus de cent morts. Qu’est-ce qui dans l’affaire Maelys a mobilisé la presse et l’opinion, dans des enquêtes dont j’avais dénoncé à l’époque le caractère malsain et voyeur, l’ambigüité de l’usage des photos de la petite fille ? Peut-être justement parce que, enfin, on trouvait un suspect extérieur à la famille. Un enfant est tué tous les deux jours par ses parents, la quasi-totalité des agressions sexuelles contre des enfants sont le fait du cercle familial. Au moins là on pouvait respirer, il n’est pas de la famille. Bon dommage il n’est ni arabe ni gitan ni migrant… Mais cela va s’arranger. L’auteur du crime est maintenant soupçonné d’être un tueur en série. Cela va permettre de démarrer sur la litanie « des types comme ça ne méritent pas d’appartenir à l’humanité, ce sont des monstres, des êtres diaboliques. » Eh bien si, il faut l’accepter, ces personnes appartiennent à l’espèce humaine comme tous les autres.

Fin de la lettre du 16 février 2018