[alerte] - JM Bérard - 12 avril 2017

jean-michel.berard orange.fr

Table des matières

[alerte] - JM Bérard – 12 avril 2017

12 avril, aussitôt après le 11

Pourquoi il est impensable que Marine Le Pen soit présidente de la république française

Fichage généralisé et libertés individuelles

Débats et analyses, le FN aux portes du pouvoir, Le monde 12 avril 2017

Tahar Ben Jelloun : nous n'oublierons jamais ce dimanche 7 mai 2017 où Marine Le Pen a été élue présidente de la République

La constitution donne trop de pouvoir au président de la république pour le confier au FN

Orthographe

Fonctionnement de la lettre [alerte]

Fin

 

 

 

12 avril, aussitôt après le 11

Oui, une lettre le 12 avril aussitôt après celle envoyée hier le 11 avril 2017.

Très nombreux sont ceux d'entre vous qui m’envoient des messages critiques ou très critiques en me disant que, pour une présidentielle il n'y a pas de vote utile au premier tour et qu'ils ont, eux, décidé de voter selon leur choix profond. Je ne peux que me redire : je pense que nous ne sommes absolument pas dans une période historique ordinaire comme pour les élections précédentes, je pense que les valeurs s'effondrent partout, que la pensée régresse et que du coup les mouvements populistes gagnent du pouvoir dans le monde entier. Ce n'est pas une période historique ordinaire.

Je ne suis pas un très bon historien et je pense que vous me reprendrez (AM si tu m'écris je te citerai) : il me semble que, grosso modo, Hitler est arrivé au pouvoir en 1933 en Allemagne par des méthodes assez légales. Les adversaires d’Hitler pensaient-ils qu'il n'y avait pas de vote utile ? Bon, l'analogie n'est peut-être pas bonne.

Je ne suis pas assez bon historien, mais pour la France en 2017 je pense que le vote utile s'impose à moi avec force.

Juste pour rire jaune, un petit extrait du texte des quatre professeurs de droit public dont je parle plus loin : on entend désormais souvent affirmer un refus de participer au second tour, au motif que le temps serait passé du bloc républicain et qu'une élection de Marine Le Pen ne serait pas aussi catastrophique que cela. Il faut se souvenir que le régime de Weimar a péri en 1933 à la suite de telles réactions (à chaque époque ses "sociaux traitres".)

Pourquoi il est impensable que Marine Le Pen soit présidente de la République française

Tout simplement, si j'ose dire, parce que les termes de cette question sont contradictoires : il n'y a aucune compatibilité de valeurs entre soutenir les positions que soutient Marine Le Pen et être présidente de la République française.

Fichage généralisé et libertés individuelles

Je commence par cela car c'est un sujet que j'ai très souvent abordé. De longue date, et en particulier sous les présidences de Sarkozy et Hollande le fichage numérique se généralise à grande allure. (Je n'ignore pas le rôle néfaste crucial de Manuel Valls et de son ami Bauer.) J'avais entre de nombreux autres exemples parlé en son temps de la mise en place d'un fichier national biométrique de la carte d'identité, dont tous les connaisseurs démocrates du dossier pensaient qu'il portait des risques énormes, en particulier lors de la venue au pouvoir d'un gouvernement totalitaire. Depuis le gouvernement Hollande, sous la pression des services secrets, prend en hâte des mesures absolument ahurissantes : fichage des personnes, des communications, des échanges, écoutes, tout cela sans intervention du pouvoir judiciaire. Cette frénésie est en soi étonnante, et encore plus dans le contexte d'une possible venue au pouvoir d'un mouvement totalitaire. Même les services secrets s'en inquiètent : les services, par nature républicains, mettront-ils à la disposition de la présidente Le Pen, chef des armées, tous les renseignements, comme ils le doivent ? N'en donneront-ils qu'une partie ? Quid des libertés individuelles de penser et d'agir ? Quels renseignements seront livrés par la présidente à des puissances étrangères dans le cadre d'une « amitié » qui s'étale à la une des journaux ?

De nombreux mouvements démocratiques (Ligue des droits de l'homme, Cecil, Quadrature du net, Ligue de l'enseignement) mettent systématiquement en garde depuis des années contre les risques d'un fichage généralisé en cas d'arrivée d'un pouvoir totalitaire. Génial, ce pouvoir n'aura même pas à chercher les renseignements, nous lui aurons tout préparé sur un plateau. C'est pourquoi, parmi de nombreuses autres raisons, nous ne pouvons pas courir le risque que Mme Le Pen soit présidente.

Débats et analyses, le FN aux portes du pouvoir, Le monde 12 avril 2017

Tahar Ben Jelloun : nous n'oublierons jamais ce dimanche 7 mai 2017 où Marine Le Pen a été élue présidente de la République

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tahar_Ben_Jelloun

Comment ne citer que quelques extraits d'un texte aussi fort ?

La démocratie est ainsi. Elle accouche de temps en temps d'aberrations. C'est que nous avons oublié de définir et d'enseigner les valeurs de la démocratie qui n'est pas une simple technique de chiffre. Le geste de voter n'est qu'une partie de l'acte démocratique, encore faut-il voter pour des valeurs de progrès, d'humanisme, de solidarité, de fraternité. […] Avec l'élection de Marine Le Pen la peur doublée d'ignorance l'a emporté. […] Le plus grave c'est surtout le projet de quitter l'Europe. La quitter revient à la détruire. L'Europe est réparable. Quitter l'Europe c'est l'assassinat d'un rêve qu'ont imaginé des personnes de qualité qui portant au plus haut les grandes valeurs morales et politiques, des visionnaires qui juste après la guerre ont pensé à l'avenir de nos enfants. […] L'immigration et l'islam, thèmes vendeurs pendant la campagne électorale se retrouvent en même temps sur la table. Alors par où commencer ? Fermer des lieux de culte ? Expulser des immigrés au chômage ? Faire la chasse aux réfugiés en détresse, retirer la nationalité à ceux qui l'ont acquise par le droit du sol ? Persécuter les femmes voilées, instaurer la préférence nationale partout y compris dans les métiers que tant de Français répugnent à faire ? Vaste programme. Alors ils opteront pour le repli et la fermeture. […] Plus d'immigrés même si le pays en a besoin et que les industriels les réclament. Le pays des droits de l'homme va fermer ses portes et son cœur. Sera-t-il heureux pour autant ? Rien n'est moins sûr. […] La résistance est possible. […] Tout en restant dans le cadre de la démocratie et de l'état de droit il serait urgent de démonter le système du FN qui est une lourde machine de régression sociale et culturelle. [..] C'est avec les armes du droit et des lois que la résistance pourra se faire.

J'aimerais le croire. JM B

La constitution donne trop de pouvoir au président de la République pour le confier au FN

Par quatre professeurs de droit public. La Cinquième république permet au président de cumuler les pouvoirs législatif et exécutif. Conférer une telle autorité à Mme Le Pen ferait courir un danger à la démocratie. Question JM B : on ne s'est donc pas rendu compte plus tôt des dangers de cette constitution ? Et on n'a pas exclu le FN du champ démocratique, il en fait de fait désormais parti alors que ses valeurs n'ont rien de démocratique. Les pouvoirs que la constitution de 58 accorde au président de la République sont bien trop importants pour être confiés à quiconque pourrait ne pas respecter les principes de la démocratie libérale (le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture) et de l’État de droit (respect de la règle de droit et des juges qui en sont garants.) […] L'article se poursuit sur la mise en œuvre de l'article 16, à la seule initiative du président de la République. De Gaulle, dit ce texte, avait utilisé cet article pour sauver la République de ses ennemis, qu'en ferait Mme Le Pen pour empêcher les élections législatives qui suivraient son élection et pourraient ne pas lui donner de majorité ? Question naïve de JM B : on ne s'en était donc pas rendu compte lorsque le second tour a opposé Chirac à Le Pen ? Il me semble que les partis traditionnels, qui se partageaient tranquillement les morceaux du pouvoir, ne pensaient pas vraiment que cela pourrait ne pas durer.

Ce texte me conduit à réviser ma position : j'étais tenté de voter blanc en cas de second tour Fillon Le Pen, je voterais Fillon.

Orthographe

Ce texte est écrit dans l'orthographe recommandée 1990 en suivant les conseils de correction du logiciel Le Robert Correcteur.

Fonctionnement de la lettre [alerte]

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Fin

De la lettre du 12 avril 2017